annuler
Affichage des résultats de 
Rechercher plutôt 
Vouliez-vous dire : 

Rejoignez nous, partagez votre expérience!

Gavin Evans bouleverse les codes de la photographie

jaylward
Membre
Membre
3 697  Visites
 

 

Auteur: Sony Europe

Gavin evans portrait.jpg

© Gavin Evans

 

Cet article contient des images susceptibles de choquer.

 

La carrière de Gavin Evans a commencé avec un accident de voiture.

 

Encore adolescent, Gavin était chez son voisin quand il est tombé sur un dossier de photos datant de l'époque où celui-ci faisait partie du service de police des Bermudes. « Ces photos étaient toutes très abstraites et magnifiques... J'ai été fasciné par ce que je regardais, sans vraiment savoir de quoi il s'agissait », se souvient Gavin, actuellement installé dans le quartier le plus sombre de Berlin.

 

Gavin était en réalité en train d'examiner les preuves médico-légales d'un terrible accident de voiture. Il n'en avait aucune idée jusqu'à ce que son voisin le surprenne à feuilleter les photos et le sermonne, avant d'expliquer d'où elles provenaient. « L'une des photos était envoûtante, je pensais y voir une boule à facettes. En fait, il s'agissait du verre protecteur d'un pare-brise incrusté dans la tête d'une personne. C'était choquant, mais à la première impression, j'ai vu une image scintillante, inondée d'une lumière tropicale, et je me suis dit « Ouah, qu'est-ce que c'est ?» »

 

Depuis ce jour, Gavin est resté fasciné par la photographie et n'a jamais songé à faire machine arrière. « Il m'est apparu que les instants les plus intimes pouvaient être photographiés, ce qui m'a amené à penser que l'art peut vraiment prendre un nombre incalculable de formes. »

 

04_NightscapesG_Evans.jpg

© Gavin Evans, Sony α7.

 

Plusieurs années se sont écoulées et Gavin Evans est désormais un photographe mondialement reconnu, dont l'œuvre comporte notamment des photos des rues inertes de Calcutta à 4 heures du matin ou des plus grandes célébrités. Il a déjà réalisé les portraits de David Bowie, Gary Oldman et Daniel Craig, et on vient tout juste de lui demander de photographier quelques-uns des plus grands artistes du monde dans le cadre de l'édition 2015 du Festival International d'Edimbourg. Par ailleurs, il a récemment été nommé Sony Global Imaging Ambassador (ambassadeur international de l'image) pour le Royaume-Uni.

 

Mais ce succès ne doit rien au hasard. Gavin a travaillé d'arrache-pied pour y parvenir. Après 18 mois passés à apprendre ce métier, durant lesquels il habitait pratiquement dans le studio de son professeur de photographie, il a vécu plusieurs années à Londres dans des conditions rudimentaires, avant de s'installer à Edimbourg, où il a travaillé dans une librairie de livres d'occasion sans jamais quitter d'un œil son appareil photo.

 

C'est dans cette librairie que la carrière de Gavin Evans a réellement démarré. Un homme s'est présenté à lui et lui a proposé de travailler en tant que photographe et rédacteur photo de Cut, un magazine dédié à la musique et aux tendances. Du jour au lendemain, il s'est retrouvé à prendre des clichés de célébrités connues et moins connues, et son book tout comme son carnet d'adresses ont commencé à se remplir.

 

Le travail de Gavin sur les portraits se distingue par son honnêteté et son caractère intime. Chacune de ses prises de vue représente fidèlement une facette de son sujet qui est rarement perçue par les yeux du public. C'est grâce à une approche psychologique de son travail qu'il parvient à ce résultat. « On entend beaucoup d'histoires sur des personnes qui entrent dans un studio, jettent un coup d'œil au photographe et font immédiatement demi-tour. Il est primordial de savoir comment faire en sorte qu'elles ne quittent pas le studio et les convaincre de se faire prendre en photo. Par le dialogue, j'arrive à établir rapidement un contact. Je me contente de les examiner, j'essaie de rassembler les informations les plus banales pour constituer une base de travail. Cela ne sert à rien de vouloir deviner à quoi la session va ressembler, parce qu'on ne peut jamais savoir. »

 

097_touchables_G_Evans.jpg

© Gavin Evans, Sony α7.

 

Si vous consultez la section « Centres d'intérêt » du profil Facebook de Gavin Evans, vous ne lirez que deux mots : « challenging conventions » (bouleverser les codes). Il s'agit là d'une noble ambition, que l'on retrouve dans quasiment chacun de ses projets, des portraits de célébrités déjà évoqués à sa série « Touch », qui regroupe une collection de portraits où Gavin demande à ses sujets de placer sa propre main dans le cliché. Avec plus de 2 500 photos (et ce n'est que le début), cette série « Touch » est devenue une vaste expérience sociale autour de l'espace personnel. « Si [les sujets] prennent ma main et la posent sur eux, ils me montrent que cela ne les dérange pas d'inviter quelqu'un dans leur espace. S'ils me tiennent simplement la main et la laissent en l'air, ils me donnent une idée très claire des frontières de leur espace personnel qu'il ne faut pas franchir. »

 

« Touch » remet en question l'idée selon laquelle la photographie de portraits capture « l'âme » de son sujet, idée que Gavin rejette avec ferveur. « Je ne pourrai jamais comprendre pourquoi cette notion est encore si répandue. J'ai réalisé des centaines de portraits, et on peut affirmer en les regardant que c'est moi qui les ai créés. Par conséquent, c'est plus probablement moi qui suis [reflété dans] le portrait, et le sujet n'est autre qu'une dimension de moi-même. »  

 

« Nightscapes » est une autre série de Gavin qui ne bouleverse pas seulement les codes de la photographie, mais questionne aussi un pays dans son ensemble. Elle met en lumière le paysage obsédant et désolé de Calcutta, qui n'a plus rien à voir avec le paysage chaotique que l'on peut observer en journée.

 

02_NightscapesG_Evans.jpg

© Gavin Evans, Sony α7.

 

« Nightscapes » est le fruit d'un heureux hasard, le produit d'une sieste due au décalage horaire, qui a vu Gavin et son partenaire se réveiller à une heure où la plupart des habitants de la ville étaient endormis. « Vraiment fatigués, [nous] nous sommes réveillés à 23 heures et avons décidé de mettre le nez dehors pour voir à quoi la ville ressemblait ». Nous sommes donc sortis, et tout était complètement désert. C'était comme si nous nous étions endormis et que quelque chose était arrivé ce jour-là. Nous nous sommes retrouvés dans un vide absolu, et je me suis rendu compte qu'il s'agit d'une chose impossible à voir de jour. »

 

Gavin a réalisé ses photos avec un Sony a7R. Au moment de l'installer sur son trépied, il a su qu'il était sur le point de capturer quelque chose de spécial. « Le niveau de détail était incroyable. En zoomant, j'ai pu voir des détails sur l'appareil photo que je n'aurais pas pu voir de mes propres yeux. Dans n'importe quelle ville européenne, il y aura toujours une activité [nocturne]. Même à Londres, où il ne se passe pas grande chose la nuit, il y a quand même une certaine activité. En revanche, à New Delhi ou à Calcutta, il paraît inconcevable de se retrouver la nuit face à une ville-fantôme. »

 

Gavin m'a confié qu'il espérait se rendre de nouveau en Inde afin de poursuivre son œuvre « Nightscapes » en 2015 (tout en continuant sa série « Touch » et ses innombrables projets, à Berlin et ailleurs). Mais pour l'instant, il se concentre sur son projet pour le Festival International d'Edimbourg. « Jusqu'à présent, c'est assurément la meilleure commande que j'ai reçue depuis le début de ma carrière. J'ai été chargé de partager un tout nouveau regard sur le festival, qui reçoit des millions de visiteurs en août et en septembre. » Quel que soit le résultat final, vous pouvez être sûr qu'il sera tout sauf ordinaire.